Aller « voir quelqu’un », un acte courageux ?

par 28 Oct 2019

Consulter un psy serait une preuve de courage pour 73% des français. C’est le résultat d’un sondage réalisé par le l’institut YouGov pour Le HuffPost du 13 septembre 2019. 30 % considèrent qu’une thérapie doit rester secrète, tandis que 54 % considèrent normal de le partager avec son cercle proche. En revanche seulement 2 % estiment qu’une thérapie doit se partager publiquement, sur les réseaux sociaux, son cercle élargi de connaissances, son cercle professionnel, etc.

Pas de grande surprise. Ces résultats m’interrogent néanmoins sur la représentation des Français de la consultation d’un psy en 2019 ? Dans mes interventions en entreprise, je peux ressentir fortement cette « prise de courage » des salariés qui passent la porte. La peur du regard des autres est souvent au cœur des réticences. Il faut « assumer » d’avoir la psy et pouvoir argumenter ou déjouer les remarques du collectif. J’entends encore des salariés incrédules quant à ma présence presque dire « mais je ne suis pas fou ». Même pas mal, pas besoin, …le psy c’est pour les autres.

Indépendamment du regard des autres, être courageux c’est aussi et surtout prendre sur soi, se faire face. Selon le Larousse, le courage est défini comme la « fermeté, force de caractère qui permet d’affronter le danger, la souffrance, les revers, les circonstances difficiles ». Serait-il si difficile de s’affronter soi-même, de regarder sa propre existence, ses revers et ses souffrances ?  C’est bien dans cette démarche que je soutiens ceux qui osent passer la porte de mon cabinet privé. Au delà de la demande de soutien ponctuel, les personnes qui s’engagent dans une psychothérapie s’inscrivent dans une démarche de rencontre avec eux même, en profondeur. Aller à la rencontre de soi implique d’intégrer son histoire, de prendre de la distance avec son vécu et de laisser ses valises derrière soi. Un mouvement libérateur avant tout, à mon sens plus que courageux.

Très récemment, c’est avec plaisir que j’ai découvert le dernier film de Cédric Klapisch, « Deux Moi » qui met en scène l’isolement auquel sont confrontés deux trentenaires, François Civil et Ana Girardot, face à leur difficulté à créer des rencontres et du lien. Leur travail personnel, l’un et l’autre, chez leur psy respectif -incarnés par Camille Cottin et François Berléand- contribue à l’émergence d’eux même, intimement et profondément, loin de toute folie. C’est à cela que sert « d’aller voir quelqu’un ».